vendredi 29 septembre 2017

Le bilan psychologique chez l'enfant : à quoi ça sert ?

Développement de l'enfant Guidance parentale
Pas de cours de psychologie du développement de l'enfant ici (ça serait bien trop long) mais une idée de base : l'enfant construit ses bases psychiques comme on construit une maison = par étapes successives. La solidité de chaque étage dépend de la solidité, de la qualité de l'étage précédent. Plus l'enfant est jeune, plus il est vulnérable et dépendant de son environnement pour arriver à construire son psychisme.

Le développement de l’enfant est donc quelque chose de très complexe, déterminé par de multiples facteurs, il est même étonnant que ça se passe souvent plutôt bien. En effet, pour que le franchissement des différentes étapes se passe sans souci, il faut que les personnes qui s’occupent de lui puissent répondre de façon adaptée à ses besoins psycho-affectifs spécifiques à chaque étape. Elles souhaitent faire le mieux pour l’enfant mais peuvent être entravées dans leurs réponses à l’enfant par des évènements de vie difficiles (maladie, deuil, chômage, difficultés financières, etc.), un manque de compréhension des besoins spécifiques de l’enfant (qui peuvent parfois s’exprimer de façon déconcertante ! ) ou des modalités relationnelles qu’ils ont eux-mêmes développées lors de leur propre développement infantile faute d’avoir reçu les nourritures psycho-affectives dont ils avaient besoin.
Nulle culpabilité à avoir si l'enfant présente des difficultés ou des symptômes gênants, la plupart des familles font du mieux qu'elles peuvent. Mais ce manque de réponses aux besoins psycho-affectifs peut laisser comme une trace dans le psychisme de l’enfant, analogue à une fissure dans une maison susceptible de fragiliser l’ensemble du bâtiment : on parle en psychanalyse de « fixation » à un stade de développement antérieur à ce qui est attendu à l’âge chronologique de l’enfant. Le psychisme étant quelque chose de plus complexe qu’une maison, cette fixation ne se voit pas forcément de façon évidente mais s’exprime par le biais de symptômes plus ou moins déconcertants : difficultés de séparation, d’attention, enfant « bougeon », difficultés relationnelles avec les frères et sœurs ou les copains, difficulté à trouver sa place d’élève, à investir les apprentissages, troubles du sommeil, troubles alimentaires, phobies, tics ou tocs, troubles du comportement, transgressions, etc. La liste est quasi-infinie !

Le bilan psychologique : un outil de compréhension des symptômes de l’enfant

Lors du bilan psychologique, le psychologue va explorer le psychisme de l’enfant (si celui-ci est d'accord !) dans son ensemble, tenter de déterminer les fixations (les « fissures » évoquées plus haut) éventuelles ainsi que les ressources (points forts) de l’enfant.
Généralement le bilan psychologique comprend un test d’efficience intellectuelle, appelé familièrement test de QI (WISC pour les enfants d'âge scolaire). En fait le chiffre de QI n’a que peu d’intérêt en lui-même. Certes dans le cas de difficultés scolaires, il peut être intéressant d'objectiver d’éventuelles difficultés d’ordre cognitif pour proposer par exemple des adaptations en milieu scolaire. Mais il est également pertinent de voir comment l’enfant mobilise ses capacités intellectuelles : des difficultés d’ordre psycho-affectif viennent-elles interférer dans sa pensée ?
C'est pourquoi le bilan psychologique est complété par ce que l’on appelle des « tests projectifs » (Rorschach, Patte Noire, TAT, épreuves de dessin...) qui permettent d’explorer les angoisses, les conflits et les représentations que l’enfant se fait de lui-même et de son environnement. En effet l’enfant, à partir des matériaux proposés (consigne de dessin, images à décrire, histoires à raconter...), va révéler ses préoccupations dont il n’a pas nécessairement conscience ou qu’il ne saurait pas verbaliser.

C'est l'analyse de l'ensemble de ce matériel qui permettra de mieux comprendre le monde interne de l’enfant (comment il se voit et se représente les relations à son environnement), de dégager des pistes de compréhension de ses symptômes et de proposer des conseils de guidance parentale pour aider au mieux l’enfant, voire des pistes thérapeutiques si besoin.
La restitution de bilan psychologique peut parfois être un moment stressant ou difficile pour les parents mais elle permet aussi souvent de changer le regard sur les symptômes de l'enfant et d'engager ainsi une autre dynamique de développement.

lundi 18 septembre 2017

Idée lecture : le syndrome du petit pois

aidant familial démence affection neurodégénérative
Grande lectrice, j'ai en permanence une liste de livres à lire ; j'aime cependant piocher au hasard "à l'instinct" au gré de mes fréquentes déambulations dans les allées de ma bibliothèque municipale. Ces dernières années j'ai ainsi eu le plaisir de découvrir plusieurs récits dessinés, témoignages de patients et de proches confrontés à la maladie somatique ou psychique ou bien au handicap.
Si au quotidien j'aime beaucoup lire des textes de fiction qui laisse la place à mon imaginaire, les dessins me semblent parfois transmettre  plus justement le ressenti des personnes là où les mots pourraient être violents ou vides de sens pour le lecteur.

Le "syndrome du petit pois" nous plonge ainsi dans le vécu d'un fils dont la mère est atteinte du syndrome de Benson, une affection neurodégénérative également appelée atrophie corticale postérieure. Même si cette pathologie est distincte de la maladie d'Alzheimer (qui toucherait environ 1 million de personnes en France selon l'étude PAQUID - source INVS), je pense que beaucoup de proches de personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer pourront s'y retrouver. Tant les mots que les dessins permettent en effet d'approcher la détresse de ce fils, son angoisse mais aussi les petites joies qui demeurent tout au long du cheminement avec la maladie : diagnostic, aggravation des pertes de mémoire et de la désorientation, entrée en EHPAD. J'ai particulièrement été touchée par les répercussions sur sa vie de couple et de jeune père. Le livre aborde également sans jugement ni solution toute faite l'épuisement des aidants les plus proches, dans ce livre le compagnon de la personne touchée.
Compte tenu de des entrées en institution de plus en plus tardives, la question est d'actualité et les solutions à construire : quelles aides proposer aux aidants de personnes atteintes par une pathologie neurodégénérative ?

A lire : Le syndrome du petit pois - Domas - Ed. La Boîte à bulles - 2016